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Ici, la plateforme officielle du Leader du Parti Les Transformateurs du Tchad. Un espace interactif où vous pourrez donner votre contribution à la réalisation de la vision de ce leader charismatique au service du Tchad et d’une Afrique nouvelle, l’Afrique décomplexée, ouverte au monde et maîtresse de son destin.

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Par Dr Succès MASRA,

New York 11 février 2023

Mala ma i dorouna. Mala ma i dorouna Ayee namchou. Pourquoi ne nous veulent-ils pas? Pourquoi ne nous veulent-ils pas ? Oui partons !

Mbairi ba di guiessy El wa. Mbari ba di guiessiel ayee namchou

Dori eu di guié djee El, dori eu di guiei djel

Nadjiri guiendjial, nadjiri guiendjial Ayee namchou

Ni dorou Adala. Ni dorou almoussawa Ayee namchou.

Wo mala taktoulina wa ? Mala taktoulina, ayee namchou.

Indina diplôme wo ayéee, intégration mafi boo ayée namchou.

Ni dorou almé ayée, ni dorou naar boo ayée namchou

Ni dorou dawa ayée, ni dorou kidmé ayée namchou

Mala ma i dorouna ayee, mala ma idourou na ayée namchou.

C’est en chantant ce chant devenu l’hymne des combattants de la justice et l’égalité que nos camarades ont été abattus.

Et pourtant aujourd’hui, je veux vous dire, avec votre boulier de dignité en main, aimez vos ennemis. Oui avec le bouclier de dignité en main, nous devons pourtant paradoxalement, aimer nos ennemis, et nous vaincrons, we shall overcome.  Nous vaincrons dans cette guerre que nous livre la dynastie armée, nous vaincrons car le Dieu des armées, le bouclier des boucliers lui-même nous fait la promesse d’être à nos côtés jusqu’ à la terre promise de justice et d’égalité. C’est le message que je suis venu vous livrer aujourd’hui.

Mes chers compatriotes, chers serviteurs de la justice et l’égalité, Lalé yessi, lapia lessi, alsalam aleikoum, bonsoir, goodafternoon, good morning, depending on where you are.

Bienvenu à ce rendez-vous des boucliers de la dignité de notre Peuple.

Merci de répondre présent et d’être là pour ce qui est plus grand que chacun de nous tous ici, le combat pour la dignité de notre Peuple. Certains sont venus du Canada jusqu’ici, d’autres sont venus de très loin et ont traversé plus de 7 à 10 États pour être ici, comme des véritables pèlerins de la justice et de l’égalité. D’autres parmi vous ont travaillé jour et nuit pour rendre ce moment possible grâce à vos moyens. Soyez en remerciés et que le  Dieu qui bénit vous récompense au centuple.

Vous êtes là et engagés parce que vous avez compris que la plus grande indignité infligée à notre Peuple, c’est de lui avoir nié depuis la naissance du Tchad en 1958, le droit de choisir ses dirigeants. Depuis ce jour, quelques individus à bord de quelques Toyota, aidés par une puissance africaine ou une combinaison de puissances africaines et occidentales, se sont imposés à notre Peuple, tout comme nous ont été  imposées  les frontières dessinées à Berlin et confirmées à Paris, sans l’avis de notre Peuple, avec une promesse qui n’a jamais été tenue, celle de justice et égalité dans le choix de nos dirigeants.

Ensemble, nous nous battrons jusqu’à ce que nous ayons en main notre destin par une auto-détermination assumée en commençant par décider, en tant que Peuple libre, qui doit diriger notre pays. Pourquoi, parce que nous savons qu’un peuple qui ne décide pas du choix de ses dirigeants est un peuple d’esclaves et la dynastie, c’est l’esclavage d’un peuple soumis à une famille qui est aujourd’hui trempée dans un vernis régional et religieux pour l’accompagner.

A vous, représentants du Peuple libre du Tchad qui êtes ici loin de votre terre natale, exposés au froid parfois xénophobe, et je sais pour nombreux parmi vous, obligés de venir ici trouver le minium que vous ne pouviez espérer dignement dans votre propre pays, c’est un honneur de vous retrouver ici à New York.

Parce que le chemin vers la terre promise commence toujours par une sorte d’exode synonyme de traversée du désert, vous voici loin de votre terre natale, certains sont ici depuis 40 ans, d’autres un peu moins et j’espère que bientôt vous pourrez avoir enfin envie de rentrer chez vous avec vos enfants, vos époux et retrouver la chaleur de la terre de vos ancêtres car je sais que même si vous avez été contraints de sortir du Tchad, le Tchad n’est jamais sorti de vous.

Merci à vous d’être dans ces pays, les ailes du rayonnement de notre Peuple et sans doute l’énergie sur laquelle s’appuiera ce peuple en quête de la restauration de sa dignité.

Comme le dit quelqu’un, là où deux se retrouvent, la transformation peut commencer et le illim, le Kaadoh et le Yanguer pour construire les digues de la justice et l’égalité peuvent commencer, car la Transformation pour notre pays est au pluriel. Nous sommes Les Transformateurs, au pluriel souvenez-vous. Nous sommes plus nombreux que ceux qui ont construit des révolutions, certains n’étaient même pas plus de 12 au début, ça ne les a pas empêchés de séparer l’histoire de l’humanité en deux comme ce fut le cas de Jésus. Jésus avait 12 disciples au début, et pourtant cela ne l’a empêché de séparer l’histoire de l’humanité en deux en « un avant » et « un après ». Aujourd’hui vous êtes plus nombreux que 12, nous tous ici crées à l’image de Dieu, donc rien ne peut nous être impossible. Réunir un tel grand nombre ici, mieux qu’au début en 2019, c’est une véritable manifestation d’engagement pour notre cause commune.

Merci à vous tous engagés. Amy, Edith, valery, Ray, David, Nodji, Bassa, Benjamin, mon ami d’enfance Didier, vous tous et vos équipes respectives, vous les Transformateurs de la Diaspora, vous les Tchadiens et Tchadiennes, les amis panafricanistes, les  amis du Tchad que je ne saurais tous citer ici, trouvez à travers ma voix les remerciements du profond de mon être et les remerciements de ceux que j’ai laissés au Tchad et en Afrique pour venir porter ici avec vous, la voix de notre Peuple dans cette ville siège de l’ONU. Comme le dira ma fille Hope : je vous aime gros comme ça.

Grâce à la chaleur de votre accueil, dans la souffrance de nos pensées vers ces centaines de nos camarades qu’ils ont abattus ce 20 octobre parce qu’ils exigeaient la justice et l’égalité sans lesquelles aucune dignité n’est possible, vous êtes à nos côtés les bougies restées allumées pour nous illuminer dans les vallées à affronter devant nous avant d’arriver à la terre promise de justice et d’égalité.

Grâce à vous, la solitude de cette sorte d’exode a été un fardeau porté à plusieurs pendant ces longues semaines, ces longs mois, car dans 9 jours cela ferra exactement 4 mois de mémoire vive de ce 20 Octobre, ce jeudi noir dans la mémoire et l’histoire de notre Peuple.

Il y’a de cela 4 ans, en 2019, ici même dans cette ville de New York, nous nous rencontrions et nous engagions ensemble à nourrir la conscience et l’engagement politique des Tchadiens pour mettre fin à la dictature au Tchad, empêcher le 6e mandat volé d’avance qui se préparait et permettre enfin aux Tchadiens de choisir leurs dirigeants. Ce qui semblait impossible, nous l’avons fait et le plus grand des pas de SAO, c’est que désormais notre Peuple a retrouvé la confiance en lui.  Vous le savez, la première des libérations d’un Peuple se passe dans son esprit, dans son mindset. Today we can say it loud : we transformed the mindset of our people. Le mindset, c’est la première étape d’une transformation. Car comme le dirait l’autre, la main et les pieds, ce qui s’y passe, c’est bien le prolongement de ce qui se passe dans la tête et le cœur. Grâce aux écoles de la transformations, au café des transformateurs, aux messages du balcon de l’espoir, nous avons ensemble permis à ce Peuple de regagner la confiance qu’on lui a confisquée depuis des décennies. Aujourd’hui, ce peuple qui débat, qui marche, qui prend la parole, qui sort spontanément, ce peuple désormais discipliné, rien ne l’arrêtera. Ensemble nous l’avons réussi, vous pouvez en être fiers.

Me voici donc de retour ici  à New York, dans cette ville siège de l’Organisation des Nations Unies, garant de l’autodétermination des peuples à qui nous adressons une demande claire de notre Peuple en lui disant (i)  soit d’organiser avec ce Peuple libre du Tchad,  la fin de la dynastie dans un Tchad uni ; (ii) soit alors de laisser partir notre Peuple qui exercera ainsi son droit de partir vers la terre promise de justice et égalité dans la démocratie bâtie sur le roc de la justice et l’égalité citoyenne. Notre peuple dit aux Nations Unies et à travers elles, à tous les pays partenaires du Tchad qui le savent aujourd’hui que nous ne resterons en Égypte pharaonique que si  le pharaon et sa cour acceptent la fin de la dynastie. Si le pharaon qui succède à son père veut garder le contrôle et la domination, alors s’il faut 10 plaies pour le faire plier, notre Peuple est déterminé et pour cela ce Peuple va s’allier avec n’importer quel acteur qui veut l’aider. Et je peux presqu’entendre Nelson Mandela nous souffler : oui, vous avez raison mes petits-enfants, pour votre dignité, vous pouvez vous aligner avec n’importe qui prêt à vous ouvrir les portes.

Mes chers compatriotes, du haut de cette tribune transformée en une sorte  de balcon de l’espoir mobile,  avec une pensée pieuse pour nos combattants de la justice et l’égalité tombés ce 20 0ctobre, faisons nous collectivement la promesse de ne jamais trahir leur mémoire en n’acceptant jamais un plan de succession dynastique. Ce sera soit la fin de la dynastie dans un Tchad uni dans la justice et l’égalité, soit la consécration de deux Tchad  où ceux qui veulent la dynastie seront d’un côté et nous qui voulons la démocratie serons de l’autre et chacun choisira son Tchad entre celui de la dynastie et celui de la démocratie. Car, la ligne rouge de notre peuple, c’est bien cette succession dynastique qui s’organise sous les yeux de tous. Chacun à l’intérieur ou à l’extérieur doit choisir.

Ce deuxième Tchad, République des Sao par exemple comme nom, sera ainsi établi suite à un référendum d’autodétermination sous la supervision de l’ONU, comme cela a été fait dans d’autres pays comme au Soudan où les 80% Sud-Soudanais, les 80% de chrétiens et les 20% de  musulmans, ont choisi par référendum à 98% d’établir un deuxième Soudan dans lequel plus personne ne sera considéré comme un sous-homme, un esclave, un abit.

Que personne ne vienne vous dire que se séparer est pire que l’injustice et l’inégalité entretenues sous une volonté dynastique au vernis régional et religieux. Que personne ne vienne non plus vous dire qu’établir des Etats sur la base de l’égalité des peuples y compris en redéfinissant les frontières, c’est être anti-panafricanisme. C’est faux puisque le panafricanisme du 21ème siècle, c’est le leadership serviteur, sur la base des peuples égaux qui choisissent chacun leurs dirigeants de façon juste et égalitaire. Ce n’est que des peuples libres et égaux qui peuvent établir ensemble l’Union Africaine des Peuples à laquelle nous croyons plus que ce machin d’aujourd’hui sans pouvoir réel et déconnecté de l’aspiration des peuples africains.

Pour notre dignité, nous avons une obligation de résultats intergénérationnel, car il en va de la survie de notre Peuple and we shall overcome, because freedom is coming tomorrow me chante quelqu’un à l’oreille. Oui nous vaincrons car l’obscurité de la dynastie ne va jamais vaincre la lumière de la démocratie. La dynastie c’est bien la ligne rouge de notre Peuple.

Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai pas moi envie de laisser un Tchad dans lequel, ma fille, parce que fille et parce que s’appelant Masra sera considérée comme une citoyenne de deuxième classe où on lui dira « mara sakit » ou « saray sakit » et où on mettra en œuvre des politiques pour l’exclure au nom de ces deux choses parce qu’elle aura le malheur d’être en plus chrétienne. Voilà les choses inacceptables contre lesquelles nous nous battrons au prix de notre vie si nécessaire. Parce que fondamentalement, qui a envie de vivre ensemble avec un petit groupe qui veut le réduire à l’esclavage et l’apartheid de la dynastie armée au vernis religieux ? Qui dans cette salle le veut ? Qui parmi vous qui nous suivez en ligne le veut ? Qui parmi  l’écrasante majorité des Tchadiens veut se soumettre à la dynastie ?

Un peuple qui ne choisit pas ses dirigeants est un peuple d’esclaves et notre Peuple n’étant pas un peuple d’esclaves, nous ne devons point douter de notre arrivée prochaine à la terre promise de justice et égalité dans un autre Tchad que celui de la dynastie. Nous sommes majoritaires, car les Tchadiens qui veulent la justice et l’égalité sont majoritaires.

Ensemble, nous avons la vision, celle d’un Tchad de justice et égalité. Cette vision est épousée par la majorité du Peuple. Le père de l’autre le savait, c’est pourquoi il a introduit la clause d’exclusion de la majorité dans sa Constitution d’apartheid en mettant un âge qui disqualifierait même son fils ; les fameux 40 ans de majorité qui en visant votre serviteur, excluait en réalité 80% des Tchadiens sur la base d’apartheid d’âge. C’était sans compter avec Dieu qui les a confondus au point où ils sont obligés de jeter cette Constitution pour offrir donc au fils fatalement plus jeune et donc supposé être immature selon leur propre logique, le pouvoir, car lui, son sang est un sang supérieur au sang des autres Tchadiens vous répondront-ils. Tous savent que nous avons une vision juste et un Peuple majoritaire derrière cette vision. Ce qui nous manquait, c’est le bouclier sécuritaire d’une armée au service de ce peuple plutôt qu’au service de cette dynastie. Le moment est venu que vous fassiez partie de ces « trois cents soldats de Gédéon » dont notre Peuple a besoin à travers son Bouclier protecteur de sa dignité.

Cette armée au service du Peuple, elle existe dans le silence comme un agent dormant. Ce qui lui manquait c’est la logistique et les moyens que notre Peuple lui donnera pour faire face au système dynastique qui a armé quelques groupes ethniques pour protéger la dynastie.  En tuant massivement le 20 octobre, ils ont voulu dire à ce Peuple qui exprimait sa résistance pour la démocratie qu’ils sont prêts à tuer pour maintenir la dynastie y compris en ciblant certaines communautés, à laquelle nous avons selon eux le malheur d’appartenir. Vous avez suivi ces déclarations à la télévision nationale ou dans leurs réunions familiales où ils ciblent ces communautés désarmées, comme si la quête de la justice était réservée à une communauté.  En s’en prenant ouvertement aux Sara et aux Chrétiens, ils s’en prennent à au moins 50% de la population du Tchad alors que notre combat est un combat de justice et d’égalité pour 100% de Tchadiens.

Oui, nous avons un Peuple majoritaire qui a épousé la vision de  justice et d’égalité mais il manquait à ce Peuple le bouclier 360° de dignité pour le protéger. Nous avons donc l’obligation de protéger notre Peuple en co-construisant ce bouclier 360°.  Nous allons le faire ensemble avec l’amour du prochain, l’amour de nos compatriotes, l’amour de nos ennemis, mais en nous protégeant et en comptant sur le bouclier des boucliers qui sera avec nous jusqu’à la terre promise, car j’entends quelqu’un me souffler à l’oreille : prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin.

Mes chers compatriotes,

C’est de ce combat pour notre dignité collective que je veux vous parler aujourd’hui et vous le savez, mon plus grand honneur, c’est d’avoir votre oreille et votre confiance. Aujourd’hui comme hier, comme il y a 5 ans, vous avez répondu présent  ici à New York pour ce combat. Dans cette marche de la vallée, nous ne craignons rien, nous avons traversé ensemble la mort, convaincus que nous arriverons en tant que Peuple au sommet de la montagne de justice et d’égalité. Mais il y en a des centaines des nôtres, les braves parmi les plus braves qui  ne peuvent répondre présents aujourd’hui car ils sont tombés en cours de route comme ces 300 premiers boucliers protecteurs de notre dignité à tous.

Nos pensées pieuses vont vers eux comme elles vont vers ceux qui sont aujourd’hui encore dans les prisons où ils ont été déportés à 600 km de leur lieu d’arrestation, dans le désert dans ce bagne de Korotoro conçu pour terroristes. Parmi ceux qui répondront absents aujourd’hui,  Justin Djimoudelbeye. Justin était ingénieur et il a été abattu à  l’ambassade des États-Unis à l’entrée principale où il a trouvé refuge, au même endroit où en 2021, sous le père, je m’étais refugié avec une dizaine de personnes. Justin et trois de ses camarades n’ont pas eu la même chance que nous et ont été abattus devant tous. Marié, père de 3 enfants, il n’était ni un bandit, ni un drogué. Et il était les mains nues quand il a été abattu. La vidéo de surveillance de l’ambassade des États-Unis fait foi. Six jours avant le 20 octobre, Justin écrivait ceci sur sa page Facebook ces mots qui ont une résonnance prophétique : «  si je meurs en combattant l’injustice et l’inégalité, c’est une mort digne, mes camarades de lutte ainsi que les parents ne regretteraient rien ». Et il a ajouté un drapeau du Tchad. Sur la page de Justin qui était un habitué du balcon et de la place de l’espoir, il y avait une photo prise justement à cette même place, lors du dialogue du peuple.

Ce 20 Octobre, au nom de la justice et l’égalité, Justin a laissé sa vie, rejoignant ainsi Barkembaye Agée, Bonheur, Yannick et les 17 autres Marcheurs que les promoteurs de la dynastie armée avaient abattus le 27 avril 2021 en utilisant les mêmes méthodes. Ils n’étaient ni drogués, ni armés, n’avaient ni « warga », ni potion magique de terre du « Yondo » contrairement aux mensonges qu’ils ont raconté à la télévision nationale. Justin et les autres étaient sortis avec l’espoir, l’espoir d’un Tchad de justice et égalité.  Ils ont été accueillis par les séviteurs  qui sèment la mort.

Parmi ceux qui ne répondront plus présent pour la suite de notre lutte et emportés ce 20 octobre, nous ne pouvons les citer tous, ils étaient plus de 300 âmes. Des vies humaines fauchées contre un regret du bout de lèvres par l’ordonnateur principal de ces tueries comme s’il y avait au monde une industrie de fabrication de la vie humaine. Parmi ces vies, nombreuses sont emportées par les armes que certains conseillers à la sécurité des pays partenaires du Tchad leur ont conseillées d’acheter en utilisant l’argent du pétrole de chez nous. Ils ont abattu : 1.Narcisse Oredjé, ce jeune brillant journaliste, major de sa promotion à l’école de journalisme de Lille,  ils l’ont abattu.  2. Theodore Diontillo : arrêté chez lui et qui a été torturé au fer à repasser avant d’être abattu. Ceux-là comme de nombreux autres,  n’ont même pas pris part à la manifestation du 20 octobre. Leur seul tort, c’est leurs noms et leurs quartiers. Selon eux, Narcisse et Théodore ou Justin sont des mauvais noms, prient de mauvaise manière, habitent des quartiers donc sont des mauvais citoyens à tuer simplement. Voilà pourquoi ces citoyens ont été arrachés à la vie. Répondront absent aussi : 3. Noubasra Djimadoumbaye. 4. Todjimdji. 5. Nanerangue Mitterand.6.Mbairamadji Nestor. 7.Maoundoe Franck. 8.Djetangue Malick. 8. Djerambec Joel. 9. Djedouboum Osee. 10. Djerayom Rodrigue. 11.Rondoubati Alexis 12. Nadji doulgue. 13. Tchaigue Aaron. 14. Tchabala Emmanuel. 15. Allaramadji Fidèle. 16. Joehinou Johan. 17. Hangar Roland Mbaigue. 18. Kemsolbaye Felix.  19. Vincent Nargolon dit dans l’eau. 20. Pépé Djablaouna, fonctionnaire. 21. Les 15 corps sans vie  de l’hôpital Chine. 22. La dizaine de corps repêchés dans le fleuve. 23. Les plus de 60 personnes mortes encours de route sur le chemin vers le camp de déportation de Korotoro dans le désert, morts de soif et/ ou de tortures, certains obligés de boire l’urine des autres. 24. La quarantaine de morts de Moundou identifiés dans les hôpitaux en plus de ceux enterrés dans les quartiers. 25. La quarantaine de morts parmi les détenus de Korotoro. 26. Les 4 abattus tout autour de l’ambassade des États Unis par des civils armés. 27. Les 4 abattus à Doba. 29. Les trois abattus à Bebedjia. 30 les 2 abattus à Koumra. 31. Dionyo Deoupal. 32. Ndorangar Abdou Pascal du bureau nouveau citoyen. 33. Baounodji Nicolas du bureau des bâtisseurs. 34. Djedouboum Theodore du bureau  nouvelle ère. 35.Josué Tadehamnadji du bureau  les mages. 36.  Josué Allandem. 37. Ésaïe Abraham. 39. Ngueto Djimrangar.  40. Maïro Mathieu du bureau espoir. 41. Nguetobaye Naïngar du bureau espoir. 42.   Baounodji Nicolas. 43. Motulyo Koumande. 44. Mairie Mathieu. 45. Ndomadoumadji Moustapha. 46. Nanguiangar Célestin. 47. Bémadji djondongar. 48. Ngardinguim Aubin. 49. Djimrabeye Pascal. 50. Moussa idriss. 51. Moussa Djimet.  52. Stéphane Maurice. 53. Kemrangue Yamanko. 54. Madjidimbaye Nambatnan. 55. Ngossi Guidja. 56. Victor. 57. Ngarhiguim Mandengar. 58. Pascal. 59. Eric Nadjilem. 60. Les 15   Corps découverts  au fleuve Chari le 25 octobre. 61. Les trois points où des corps ont été déposés selon les témoignages de nos camarades ayant échappé: à Farcha notamment et vers Koundoul. 62.  Urbain Nassingar. 63. La 15aine de corps sortis des différentes écoles du 7ème arrondissement où ils les ont torturés à mort. 64. Doumro Nasso abattu qui laisse deux enfants orphelins. 65. Djasnabaye Emmanuel kongar. 66. Et les autres tellement nombreux, identifiés aussi par des organisations crédibles telles que la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) ou Human Rights Watch (HRW).  Citons juste les prénoms de quelques-uns pour leur rendre hommage, nous avons toutes leurs identités et nous joignons cela pour la Cour Pénale Internationale saisie pour que justice soit faite.

Une longue lugubre liste : Rodrigue, Nicolas, Abel, Eric, Fadaiwa, Djibet, Mandengar, Nocolas Baonodji, Richad, François, Alain, Arnaud, Mougnan, Emmanuel, Ahmat, Denise, François,Djimadoum Junior, Nicolas Gerson,Rodrigue Ngarsanodji, Janvier Djérabé, Guidita, Samba, Fuilbert, Haroun, Saleh, Djidé Djikos, Josephine, Jonathan, Elysee, Kiki Ahmat, Denise Mounkada, Vincent, Florent, Richard Tolengar, Serges, Nadji, Joël.

Et à cela ajouter les plus de deux cents portés disparus dont nous sommes sans nouvelle. Que le Dieu de justice apaise nos cœurs et les cœurs de leurs familles. Que des vies humaines fauchées, la quasi-totalité de ces victimes prenaient la direction des mêmes cimetières et venaient des quartiers ciblés où ils ont coupé internet et électricité pour mieux sévir et massacrer sous le regard de toutes les chancelleries et tout le monde se souvient de l’image de l’ambassadeur des États-Unis qui s’est contenté de se prosterner devant les corps sans vie devant l’ambassade. Et tout le monde se souvient du communiqué de l’Ambassade de France qui a dit qu’il s’agit d’une affaire « tchado-tchadienne » alors que l’installation de ce Deby fils à la place de Deby père n’était pas une affaire tchado-tchadienne.  On ne peut pas s’engager dans un match et en pleine mi-temps abandonner, non la France ne peut pas aujourd’hui dire aux Tchadiens que les massacres de cette junte ne la concernent pas car c’est un massacre pour installer le plan de succession dynastique contre lequel la France s’est engagée à ne cautionner.

Notre Peuple n’attend pas de ses partenaires des communiqués ou une diplomatie ponce-pilate face à ce crime contre l’humanité. Et comme l’attestent leurs prénoms, et noms, ceux qui ont et ciblés et massacrés jusqu’au début du mois de novembre viennent presqu’une partie du Tchad alors que l’appel a été lancée par des leaders venant de tout le Tchad. Et les tueurs, parlaient tous presque le même dialecte et avaient la même morphologie. Le choix de tuer une partie des Tchadiens ou d’en déporter des milliers dans une partie du Tchad qui ne représente pas moins de 50% de la population, a conduit le chef de l’Eglise au Tchad à parler même de similitude avec la solution finale. Voilà les faits têtus que ceux dont la religion est le mensonge ne veulent pas entendre car cela les embarrasse. Nous ne sommes pas engagés pour notre pays pour flatter les oreilles des gens. Entre la vérité qui rendra libre et la popularité auprès de ceux qui installent l’injustice, nous ferons toujours le choix de la vérité pour la justice et l’égalité.

Justice, Égalité. Égalité, Justice. Voilà ce qu’ils chantaient quand ils ont été abattus, ces Tchadiens créés à l’image de Dieu dont le seul tort c’est exiger le respect de leur dignité.

Adala-Alomoussawa. Almoussawa-Adala

Justice. Equality. Equality. Justice

Oui, justice, égalité, voilà les deux mots les plus prononcés par notre Peuple, deux mots prononcés ensemble, comme deux jambes d’un seul corps par ce Peuple qui crie dans le désert de l’indignité.

Justice et égalité, deux mots jumeaux prononcés comme le pont à double voie qui doit réunir les deux Tchad  dans ce territoire berceau de l’humanité dont les frontières ont été dessinées sans l’avis de notre Peuple, à Berlin et confirmées à Paris et où vivent plusieurs peuples avec cette promesse jamais réalisée à date et que nous avons l’intention de réaliser à côté de notre Peuple, avec notre Peuple et pour notre Peuple.

Justice et égalité, voilà les composantes de la colonne vertébrale d’une Nation de plusieurs peuples réunis car la justice élève une Nation.

Oui, nous sommes plusieurs Peuples et nous ne pourrons devenir une Nation qu’à condition que la justice et l’égalité soient au rendez-vous.  Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore une Nation. C’est si trivial que nous sommes plusieurs peuples et nos pères-fondateurs ont pris le soin de le mettre par écrit dans notre hymne pour que personne ne l’oublie.

Nous sommes plusieurs peuples réunis : certains mangent le porc et d’autres mangent les chameaux.

Nous sommes plusieurs peuples réunis : certains aiment les dattes et d’autres aiment les arachides.

Nous sommes plusieurs peuples réunis : certains prient Allah et d’autres prient le Dieu de la Trinité ; certains considèrent Jésus de Nazareth comme Dieu et d’autres considèrent le Prophète Mohamed (PSL) comme le plus grand Prophète.

Nous sommes plusieurs peuples réunis : certains aiment l’agriculture, d’autres aiment l’élevage ; certains ont l’esprit commerçant, d’autres ont l’esprit de serviteur de l’État

Nous sommes plusieurs peuples réunis : certains ont des balafres du rituel yondo, d’autres ont le front noir des rituels musulmans.

Nous sommes plusieurs peuples réunis : certains ont des sultanats, d’autres ont des « Ngar » ou des « Gong »  comme chefferies. Ils ont pourtant choisi d’interdire les cérémonies des Ngar et autorisent les cérémonies des Sultans tout comme ils avaient décidé d’exclure les Chrétiens par le serment confessionnel.

Oui, nous sommes plusieurs peuples et ce n’est pas nous qui le disons, c’est notre hymne qui le dit. Si nous avons tort, alors jetons ensemble cet hymne et reconnaissons ainsi qu’on n’a plus de pays ensemble. Cet hymne, nous venons d’en chanter quelques couplets mais il y a un couplet que nous n’avons pas chanté et que certains veulent oublier ou simplement ne connaissent pas et qu’ils feraient mieux d’apprendre à chanter et en comprendre le sens profond :

Que dit ce couplet si informatif : « Peuple du nord et ses troupeaux immenses, Peuples du Sud qui labourent leurs chants, partout montagnards, pêcheurs et commerçants, soyons un même seul peuple qui s’avance ».

Comme vous l’aurez remarqué, les pères fondateurs de notre pays, dans cette église où ils étaient, peut-être que Dieu les a inspirés quand ils y rédigeaient l’hymne au point où ils ont pris le soin  de reconnaître le caractère pluriel de notre Peuple avec la promesse de devenir un seul Peuple sur la base de l’égalité et la justice.  Vous ici  et vous qui nous suivez à travers les réseaux sociaux, vous n’avez pas salué l’école à distance et vous savez que la conjugaison a un sens.

Vous, vous n’avez pas menacé votre prof de conjugaison avec une arme et vous savez que le «  Soyons un peuple qui s’avance », c’est un vœu. Peuple, du Nord, Peuple du Sud, soyons un seul Peuple qui s’avance, mais qui s’avance sur quel pont ? Sur quelle voie ?

Un seul Peuple qui s’avance sur un pont à double voie de justice et d’égalité. Voilà le ciment sur lequel, ces peuples du Tchad deviendraient un seul Peuple. S’il n’y a pas ce pont à double voie de justice et égalité, s’il n’y a pas cette table d’égalité et de justice maintenant, nous n’avons rien à faire ensemble et la meilleure manière de ne pas se déchirer c’est  de se séparer. Le choix est donc clair devant nous : la fin de la dynastie maintenant pour construire un seul Tchad de justice et égalité ou alors la séparation à l’amiable entre les deux Tchad: le Tchad des pro-dynastie et donc pro domination d’une famille et ses accompagnateurs d’un côté et le Tchad des pro-démocratie, constitué des gardiens du temple de la justice et égalité, c’est à dire les défenseurs de la promesse d’égalité faite par nos pères fondateurs comme une véritable prière à travers cet hymne.

La conjugaison dans cet hymne a du sens.

Il n’a pas été dit que peuples du nord devaient dominer ceux du sud, ni peuples du sud devaient dominer ceux du Nord. Mais ensemble, nous devrions nous asseoir à la table de la justice et l’égalité. Notre obsession pour la justice et l’égalité est une obsession de fidélité à cet hymne, le même qui nous dit que notre liberté naitra de notre courage.

Il n’a pas été dit dans cet hymne qu’une région devait confisquer le pouvoir et le faire roter enter les cousins par armes grâce à un vernis religieux. Non.

Il n’a pas été dit qu’une famille devait dominer le reste du peuple en confisquant le pouvoir par les armes et le passant de Père en fils au nom de la politique nauséabonde où le fils du ministre remplace son père, le fils du général remplace son père et le fils du président remplace son père. Et ils ont le culot d’appeler cela la politique du remplacement numérique où ceux qui ont salué l’école à distance doivent diriger les autres mais on ne doit rien en dire parce qu’on vous inventera des compétences que les non lettrés ont forcément plus que les lettrés.

Un peuple qui accepte cela est un peuple d’esclaves et notre Peuple n’est pas un peuple d’esclaves et nous ne sommes pas locataires de ce pays, nous en sommes copropriétaires.

Mes chers compatriotes,

Les faits sont têtus et le monde doit savoir ce qui se passe au Tchad. Après ce que vit ce Peuple, la question que chacun de vous se pose sans doute, c’est où partons-nous après que le Rubicon a été franchi ce 20 octobre 2022 qui a installé minuit dans nos cœurs ?

Dans le cœur de ce Peuple meurtri, depuis le 20 octobre de par la nature des massacres commis avec une volonté génocidaire planifié au sommet de l’État, ceci n’est jamais arrivé dans l’histoire du Tchad. Et comme vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libre, Dieu les confond et ils commencent à donner eux-mêmes plus de détails de ces plans organisés visant essentiellement les Chrétiens et Tchadiens de la partie méridionale du pays dont 90% des victimes toutes catégories sont issues. Comment on réconcilie un Peuple en s’en prenant à au moins 50% de sa population dont ont massacre les ressortissants ? Et c’est ceux qui dénoncent cette politique qui sont, là encore en fonction d’où ils viennent, critiqués ou pas.

Il y a un avant et un après le 20 octobre et cette vérité, nous ne sommes plus les seuls à le dire, ceux qui ont massacré d’autres Tchadiens à cause de leur patronyme, de leur religion, de leur région afin d’asseoir leur dynastie le reconnaissent en disant aujourd’hui qu’ils regrettent d’avoir qualifié une manifestation qui visait le respect des engagements pris, mais qu’ils ont qualifié  d’insurrection et d’avoir tué massivement sur cette seule base. Dieu les a confondus et aujourd’hui ils ont donc fait aveu de crime contre l’humanité devant le monde.

Et cela, après nous avoir qualifiés de pressés. Oui nous sommes pressés, pressés de mettre fin au remplacement numérique dynastique, pressés de mettre fin à la souffrance de notre Peuple qui comme en territoire d’esclavage, vit dans la misère comme s’il en pleuvait, sans eau potable, sans électricité, sans médicaments, sans emplois, dans la famine pour presque 50% de sa population.

Oui nous sommes pressés que les Tchadiens choisissent enfin leurs dirigeants serviteurs et que personne, ni une famille, ni une région, ni un peuple, ni les adeptes de la religion du mensonge ne leur imposent leurs choix.

Oui nous sommes pressés et nos yeux rouges de soif de la justice et d’égalité, ils les qualifient des yeux des sorciers. Comme on dit dans un adage populaire : keum ndje ndo kass daa di baré ndjee mal sey. Koumi kéré a ossini kman sey. Djakobi ( les yeux rouges de l’oublié de la République sont  appelés les yeux du sorcier).

Après avoir tué le 20 octobre, ils vous disent maintenant qu’ils regrettent.

Regret, c’est la même chose qu’ils ont dite lorsque le 09 septembre 2022, ils nous avaient convoqués au palais de justice sans raison, puis sont venus ce jour au siège de l’espoir nous pilonner pendant des heures. Nous avons eu la vie sauve grâce à ce Peuple constitué spontanément en bouclier, les mains nues face aux gens armées.  Nous avons alors lancé un SOS à l’ONU pour assurer la protection de ce Peuple. Il vous souvient que ce jour-là, du haut du balcon de l’espoir, je vous disais que nous avons le Peuple et la vision  mais ces boundoucrates dynastiques sont en train de nous dire qu’il nous manque les armes et que nous craignions que la prochaine fois ils allaient tuer. C’est ce qu’ils ont fait le 20 octobre. Alors aujourd’hui, que vaut leur regret puisqu’ils nous ont clairement dit qu’ils sont là pour rester au moins 12 ans au moins après la transition, comme l’a fait le père et après on verra. Tel père, tel fils.

Alors que vaut l’expression du regret d’un officier pareille s’il n’est accompagné d’aucun acte. Anina loutikouratinen mafi. Et ce n’est pas nos amis debout pour la justice à Bongor en chantant leur espoir dans cet arabe feutré de Bongor qui vont nous contredire.

Pour notre peuple, il est clair, nous ne croyons plus qu’aux actes. Le meilleur regret  pour le principal ordonnateur de ces massacres, c’est de dire : « j’ai perdu mon honneur en ne respectant pas ma parole d’officier et j’ai perdu mon âme en massacrant innocemment mes compatriotes à cause de la tentation dynastique et donc je demande pardon et asseyons-nous pour définir un plan  de fin de cette dynastie et de justice pour ces victimes et que pour montrer que je suis vraiment dans la repentance, voici je libère tous ceux arbitrairement détenus et j’indique où j’ai fait déposer les corps dans le fleuve et le désert. Et qu’il demande pardon et ce Peuple sans rancune va sûrement le lui pardonner ».

Voilà à quoi doivent conduire le chef de la junte et tous ceux qui l’ont soutenu de bout en bout depuis le début de ce plan de succession dynastique. Les partenaires internationaux de notre pays, la France en tête et ses alliés américains et autres ne peuvent pas se défiler après avoir joué à ses côtés pendant la première mi-temps. La France qui a dit publiquement à travers son président qu’elle ne soutiendra jamais un plan de succession dynastique au Tchad et que la condition de soutien à l’intégrité du territoire du Tchad actuel c’est bien qu’il n’y ait pas un plan de succession dynastique est attendue, non pas dans le silence, encore moins dans des communiqués, mais dans sa capacité à joindre l’acte à la parole. Aujourd’hui, le plan de succession est bel et bien là. Il n’y aura plus une autre chance pour cette France et ses alliés de démocratie senior, de reconquérir le cœur de notre Peuple, ce Peuple qui, premier en Afrique, a répondu à l’appel au SOS de la France pour reconquérir sa liberté face au Nazisme.

S’ils en sortent  du cœur de notre Peuple comme c’est en train d’en être le cas, s’ils choisissent une famille et un nom plutôt que notre Peuple, notre Peuple les maudira à jamais de s’être rangés du côté de la dynastie et la crédibilité de leur parole sera définitivement enterrée en Afrique. Pourquoi ? Parce que la France et ses alliés ont vis-à-vis de notre Peuple une dette sang pour la liberté et non pas une dette de soutien à la dynastie. Nous sommes les descendants et petits-fils des tirailleurs tchadiens qui étaient les premiers à répondre à l’appel du Général de Gaulle dans la lutte contre la tyrannie nazie.

La seule chose qui reste à la France pour restaurer sa parole et sa crédibilité sur le continent africain, c’est son attitude sur le dossier tchadien. Le choix est entre notre Peuple et une famille, puisque la famille c’est bien cela une dynastie au nom du Père et du fils sans le peuple. Le Peuple français qui a coupé la tête de son tyran, comprendra pourquoi il sera totalement incompréhensible que la France d’aujourd’hui aide à installer et ait des Conseillers sécurité à la présidence aux côtés des tyrans qui viennent de massacrer mon Peuple.

Oui il y’a un avant et un après car depuis le 20 octobre, je suis sûr qu’il y a en chacun de vous, en chacun de nous, en chaque Tchadien préoccupée par la justice et préoccupée par la vie humaine, une sorte de guerre civile interne depuis le 20 octobre.

Nombreux parmi vous ici dans les diasporas, quoique physiquement ici, vous étiez connectés avec nous et viviez aussi intensément ces massacres qui se passaient au pays.

Devant l’inhumanité de l’Homme envers l’homme, devant la brutalité des images sans vie enveloppées dans les drapeaux du Tchad, je sais que vous êtes nombreux à avoir veillé toute la nuit parce que quand vous receviez les images du matin là-bas au Tchad, il était minuit ici. Avec l’électricité en permanence ici, il faisait quand même noir de minuit dans vos cœurs.

Seuls dans vos bureaux, dans vos maisons, dans vos lieux de prière, vous chantiez avec nous ces chants de la justice et l’égalité comme pour nous envoyer à nous qui étions au front de la justice, votre énergie transformatrice.

Ce chants d’espoir, ces chants sont devenus l’âme de ce Peuple en mouvement et debout pour sa dignité.

C’est donc debout que nous avons entonné ensemble le Mala ma idorouna en mémoire de nos braves tombés dignement.

En chantant cet hymne à l’égalité et à la justice pour tous les enfants du bon Dieu sur cette terre berceau de l’humanité devenue berceau de la précarité, nous rappelons en chœur comme la chorale qui a écrit l’hymne de notre pays dans les lieux de prière, notre prière pour que le Dieu de justice vienne au secours de ses enfants qui sont dans cette marche de la vallée et qui chante leur espoir en se demandant pourquoi sont-ils rejetés.

Aujourd’hui, nombreux ne pourront pas chanter cela avec nous, ni derrière les réseaux sociaux, ni à la place du balcon de l’espoir, ni au siège de l’espoir.

Parce qu’ils ont été tués le 20 octobre après ceux du 27 avril 2021, avec la même méthode par les mêmes.

Ces combattants de la justice et l’égalité n’étaient pas des gens extraordinaires, et avec eux, nous ne sommes pas des gens extraordinaires. Nous ne sommes ni des messies, ni des prophètes, mais des gens ordinaires qui voulons bâtir avec notre Peuple, un destin extraordinaire pour notre Peuple, sur le roc de la justice et l’égalité.

Ce que nous chantons, c’est que ce pays est le nôtre et nous avons le droit d’y exiger la justice et la dignité pour tous ses enfants.

Ces chants que nous entonnons comme des négrospirituals, nous les entonnons parfois avec les yeux rouges, rouges des larmes d’espoir en absorbant les gaz lacrymogènes ou en recevant les balles achetés avec les ressources de notre pétrole; nous les entonnons parfois dans la faim et la soif, la soif de la justice; nous les entonnons les yeux rougis des larmes qui coulent naturellement quand on perd  des êtres chers sous nos yeux.

Oui c’est dur et même si nous savons que quand le chemin est dur, seuls les durs traçent le chemin, parfois il y a en nous une sorte de guerre civile, une révolte interne. Une douleur, celle de la perte injuste des camarades avec lesquels on a parcouru ce chemin ensemble.

Oui c’est dur et je sais que depuis le 20 octobre, il y’a une sorte de guerre civile interne en chacun de nous.  Dans vos regards, à travers vos messages, vous voulez légitimement des réponses à vos questions.

Comment vivre ensemble avec des gens qui tuent d’autres parce qu’ils les considèrent comme des sous-hommes n’ayant pas le droit d’exiger l’égalité ?

Comment vivre ensemble avec des gens qui arment une partie du Peuple contre une autre ?

Oui il y a une guerre civile interne en chacun de nous quand nous nous demandons comment vivre avec des gens qui arrêtent d’un côté les enfants de 15 ans et les déportent dans le désert en leur faisant boire de l’urine, tandis que dans leurs familles, ils arment d’autres enfants de 15 ans en  leur offrant comme cadeau d’anniversaire une mitrailleuse qu’ils essaient en plein jour sur d’autres Tchadiens qu’ils appellent abit, esclaves ?

Oui il y’a une guerre civile interne en chacun de nous quand on se demande comment vivre ensemble avec des gens qui croient qu’à même âge, vous n’avez pas les mêmes droits parce qu’eux viennent d’une race supérieure qui fait qu’à moins de 40 ans ils ont plus de droits que vous à 40 ans? Et ils mettent cela dans la Constitution, une Constitution d’apartheid.

Oui il y a une guerre civile interne en nous quand nous nous demandons comment vivre ensemble avec ceux qui sont nés avec un droit divin de remplacement numérique où le fils du commissaire remplace son père, le fils du général remplace son père, le fils du ministre remplace son père, le fils du président remplace son père d’un côté et de l’autre, diplômés, compétents, plus âgés, pacifiques, peu importe, on vous dit vous n’avez pas droit?

Oui il y a une guerre civile interne en chacun de nous lorsqu’on se demande comment vivre ensemble avec ceux qui sont considérés comme ayant tous les droits et de l’autre ceux plus nombreux ont tous les devoirs dans ces deux Tchad ainsi voulus?

Oui il y a une guerre civile en chacun de nous quand ceux qui sont armés, ou supposés avoir des groupes armés sont traités avec honneurs et ceux qui sont sans armes sont traqués dans leurs quartiers, dans leurs sièges, dans leurs maisons, arrêtés, entassés dans des écoles, torturés et tués et les restes déportés dans le désert pour être sous  le contrôle des terroristes élevés en meilleurs dignité de geôlier en prison ?

Oui il y a une guerre civile en chacun de nous quand nous nous demandons comment vivre ensemble avec ceux qui pensent que certains Tchadiens, à cause de leur physique, de leur religion, de leur patronyme, ne méritent jamais d’être assis à la table de la dignité, de l’égalité et de la justice ?

Comment vivre ensemble avec celui qui dès l’enfance a appris à voir en l’autre un Abit, un Kirdi, un farak, un sous-homme, plutôt qu’un humain créé à l’image de Dieu et donc à son égalité parfaite ?

Face à ces réalités, le slogan de la cohabitation pacifique, du vivre-ensemble n’est qu’un veau d’or. Et pourtant, cher Peuple libre du Tchad, même si nous traversons ces moments sombres et difficiles de guerre civile interne en chacun de nous, une grande voix me souffle à l’oreille aujourd’hui de vous dire: avec votre Bouclier de dignité en main, aimez vos ennemis.

Vous m’entendez ? Cette voix me dit de vous dire : avec votre Bouclier de dignité en main, aimez vos ennemis et moi, en tant que bouclier des boucliers, je serai avec vous jusqu’à la terre promise de justice et d’égalité qui vous est si chère.

Oui j’entends quelqu’un me souffler à l’oreille de te dire à toi qui me suis, à vous qui m’entendez: aimez vos ennemis et protégez-vous avec votre Bouclier de Dignité et je serai avec toi Peuple libre du Tchad, j’agirai à tes côtés.

Aimez vos ennemis ?  Mais comment aimer celui qui vient d’abattre mon frère parce qu’il ne prie pas comme lui ?

Comment aimer celui qui vient de me faire amputer une jambe parce que je demande à être assis à la table de la justice et d’égalité?

Comment aimer celui qui vient de jeter mon frère dans le fleuve après l’avoir égorgé simplement parce qu’il porte un nom qu’il n’aime pas et qui tire littéralement même sur des ambulances dans les hôpitaux ?

Et pourtant c’est dans ce contexte que la voix intérieure me souffle de vous dire d’aimer vos ennemis car si nous n’étions pas animés par l’amour du prochain, nous aurons dénaturé cette lutte de son seul objectif qui est la justice et l’égalité entre tous les enfants du bon Dieu dans ce territoire des descendants des Sao. Je ne vous demande pas de vous venger, je vous demande de vous protéger avec votre bouclier en ayant toujours l’amour du prochain.

L’amour dont il est question ici ce n’est pas de vous demander d’aller passer les vacances avec ceux qui tuent vos frères ou d’aller fêter Noël ou Tabaski ensemble. Non il ne s’agit pas de vous demander d’avoir un amour éros ou philia mais un amour supérieur,  l’agapè qui célèbre le Dieu en chaque être humain.

Oui nous devons être capables d’aimer l’injuste tout en détestant l’injustice. C’est la seule façon de ne pas tomber dans les ténèbres de la vengeance même s’ils ont abattu nos camarades de lutte injustement et que nous savons que leur regrets exprimés du bout de lèvres sur recommandation extérieure, ne les ramèneront pas à la vie.

Oui nous devons continuer à aimer ces ennemis de la vie, en aimant l’humain en eux à travers le souffle de vie que Dieu a placé en eux, tout en nous protégeant avec notre bouclier de la dignité. Considérez-les comme des frères perdus, en demande d’assistance aux personnes en danger.

Oui aimez le Dieu en chaque promoteur de la dynastie boundoucratique qui tue, mais protégez-vous désormais avec votre Bouclier de dignité contre l’esprit de domination et d’apartheid installés et renforcés sous cette dynastie armée qui nous fait passer du mal au pire.

Oui aimez celui qui  veut installer la dynastie et ses remplaçants numériques comme vous aimerez chaque être humain créé à l’image de Dieu, mais détestez la dynastie et protégez-vous et grâce à votre Bouclier de la dignité devenu nécessaire et indispensable.

Oui aimer votre ennemi ne vous empêche pas de vous protéger des effets ravageurs de ses actions  et dans  notre culture, le Bouclier est avant tout une arme défensive qui vous empêche d’être dévorée par un fauve.

Le Deurlebé ou bouclier du pays est d’abord une arme défensive.

Le bouclier est une arme d’autodéfense qui vous protège de la mort et dont l’intention première n’est pas de donner la mort mais d’empêcher aux semeurs de la mort de sévir.

Et parce que notre histoire récente nous a appris que face à ceux qui sont prêts à vous donner la mort pour installer la dynastie sur fond d’une armée clanique aux élans régionalistes et religieux, il n’est plus suffisant de savoir chanter l’hymne, de ternir le drapeau, d’expliquer par la pédagogie de la parole ; il n’est plus suffisant de savoir tenir le stylo ou d’attraper la souris d’un ordinateur,  mais il est aussi nécessaire de savoir tenir le bouclier.

Le bouclier sera l’armure de notre Peuple qui lui permettra d’infliger les plaies de la défaite à la dynastie. Le bouclier est ce qui vous protègera contre les mers rouges dans ce chemin face aux pharaons de la dynastie et leurs chars car oui la dynastie est bien l’ennemi de la démocratie.

Le bouclier est ce qui nous permettra de façon préférentielle de les forcer à nous faire de la place à la table de l’égalité et la justice dans un territoire commun ou alors de les contraindre de laisser partir notre Peuple.

Et je peux entendre quelqu’un me souffler à l’oreille : let my people go. Ho yes, go down Moses, Go down to Eyptland, Go tell Pharohs to Let my people go! S’il n’y a pas de table de justice et d’égalité pour mon Peuple, alors laissez partir mon Peuple, car mon Peuple ne restera pas dans l’Égypte pharaonique.

Car en fin de compte, parfois il faut du Bouclier pour quitter l’Égypte dynastique et aller vers la terre promise de la démocratie dans la justice et l’égalité en comptant sur le bouclier des boucliers lui-même qui ne laisse jamais tomber un peuple qui se bat pour sa dignité.

Le drame de notre pays c’est que depuis l’indépendance de façade accordée au bon vouloir du colon français, notre Peuple qui n’a ni choisi ses frontières, ni ses dirigeants n’a jamais rompu avec les chaînes de l’esclavage. Un peuple qui ne choisit pas des dirigeants est un peuple d’esclaves et peu importe la couleur ou l’origine de l’esclavagiste, car tous les esclavagistes ont en commun un dénominateur, c’est le déni du droit à l’autodétermination d’un Peuple. Accepter la dynastie c’est accepter qu’on choisisse pour nous des dirigeants au nom de leur filiation et leur descendance. Ce que nous aînés et pères ont accepté, notre génération ne doit et ne va pas l’accepter.

Accepter la dynastie qui se maintient par les armes, le mensonge et le vernis régional et religieux, c’est accepter de s’adapter au pouvoir pharaonique au nom du veau d’or du vivre ensemble hypocrite.

Accepter cette dynastie c’est accepter d’être des esclaves dans notre pays et renoncer à notre droit à l’autodétermination au sens de l’habileté qu’a chaque Peuple de choisir ses dirigeants et décider de la forme d’organisation politique, économique, sociale et culturelle sans imposition.

Face à la tentation dynastique, nous n’avons pas l’intention de renoncer à notre droit à l’autodétermination car c’est le droit le plus sacré pour un Peuple. Nos mères et pères fondateurs n’ont pas accepté la proclamation d’indépendance pour que nous devenions des soumis à une famille ou un clan.

La dynastie c’est la consécration d’un sang et d’une famille au-dessus des autres dans un pays, et donc reléguant les autres Tchadiens au rang de citoyens de seconde classe.

La seule manière pour eux de nous faire accepter la dynastie c’est de nous tuer tous. Car jamais nous n’accepterons d’être soumis à des dirigeants que notre peuple n’a pas choisis et qui veulent s’imposer par les armes et des soutiens extérieurs qui sont en train de sortir aujourd’hui définitivement du cœur de ce Peuple révolté et en résistance contre cette domination par main et famille interposées.

Alors, à tous les descendants et bénéficiaires du remplacement numérique qui espèrent nous réduire au silence, nous leur disons que la ligne rouge de ce Peuple debout, c’est bien la dynastie. S’ils disent que leur ligne rouge à eux c’est la séparation des deux Tchad, alors ça tombe bien, et devant l’ONU, nous les convions pour trouver ensemble un accord de fin de la dynastie et pour retour de la démocratie dans  un Tchad uni dans la justice et l’égalité.

C’est la seule condition pour avoir un seul Tchad. S’il n’y a pas cet accord de fin de la dynastie pour un retour de la démocratie, nous n’avons rien à faire ensemble avec les promoteurs endogènes et exogènes de cette dynastie et la rupture de préférence à l’amiable en sera la conséquence.

Et il y a une voix moralement au-dessus  de la nôtre qui  nous parle pour nous exhorter à ne jamais nous sentir seuls sur ce chemin de croix. Cette voix, c’est celle de Martin Luther King qui rappelle avec force que : si la paix signifie nous taire au milieu de l’injustice et du mal alors nous n’en voulons pas. Si la paix signifie s’adapter avec complaisance à un statuquo mortel, alors nous n’en voulons pas. Si la paix signifie une volonté d’être exploité économiquement, dominé politiquement et humilié alors nous n’en voulons pas » et  d’ajouter qu’en réalité, la liberté n’est jamais donnée volontairement par l’oppresseur, elle doit être courageusement réclamée par l’opprimé.

Il y’a une autre voix, celle de Thomas Sankara qui, il y a environ 35 ans, était ici dans cette ville de New York à quelques km d’ici et qui nous rappelle que «  l’esclave qui compte sur la générosité de son maître pour exercer son droit à l’auto-détermination ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort ». Sankara qui était souvent en avance sur son temps parlait aussi bien à ceux qui bâillonnent les peuples en venant de l’extérieur du continent comme ceux de l’intérieur du continent africain dont il disait « A bas l’impérialisme et ses valets locaux ».

Il existe une autre voix qui nous rappelle que nous sommes sur le bon chemin ; cette voix, c’est celle de Nelson Mandela considéré partout dans le monde y compris ici même comme un Terroriste à l’époque  et qui nous rappelle que quand la méthode de celui en face n’est autre que la brutalité et la violence, on n’a pas d’autres choix que de se protéger par tous les moyens y compris en prenant des armes. Le Grand Mandela qui s’est permis même d’avoir recours aux lances de la nation, nous sommes moins radicaux que lui en voulant un Bouclier, dont l’intention première est de protéger les vies sans chercher à donner la mort.

Il existe une autre voix qui nous envoie son énergie,  cette voix c’est celle de Desmond Tutu qui nous souffle à l’oreille qu’on ne réforme pas l’apartheid, on l’abat. En 1986, il était ici aux États-Unis dans son célèbre message où il disait qu’être neutre en situation d’injustice c’est choisir le camp de l’oppresseur.  Cardinal de son état, cet autre prix Nobel de paix utilisait donc ici un langage de guerre sans merci contre l’apartheid qui est synonyme de la dynastie, car la dynastie et l’apartheid ont en commun d’élever certains citoyens à une catégorie supérieure et de considérer sur un même territoire,  d’autres citoyens comme des citoyens de deuxième classe.

Pourquoi est-ce que nous absorbons les gaz lacrymogènes ?  Pourquoi nous faisons-nous arrêter, torturer, tuer dans notre propre pays ? Parce que nous exigeons la justice et l’égalité pour que le Tchad devienne une terre vivable pour tous ses enfants, un pays des citoyens de première classe.

Cette dignité pour laquelle nous sommes engagé n’a pas de prix et que chacun le comprenne très bien, nous n’avons aucun fétichisme avec les frontières du Tchad dessinées à Berlin et confirmées à Paris. Notre seul fétichisme c’est la justice et l’égalité entre ces différents peuples réunis dans ce territoire qui s’appelle le Tchad.

Alors ne vous y méprenez pas mes chers frères et sœurs, sur ce chemin, vous savez, ceux qui préfèrent l’esclavage en Égypte avec quelques miettes tombant de la bouche du pharaon vont chercher à vous impressionner par leur zèle et leur maître va vous expliquer qu’il vaut mieux vivre sous un pharaon injuste pendant 70 ans que de quitter la domination de ce pharaon pour une terre de justice et de dignité retrouvée.

Voilà une bizarrerie que leur chef vient de dire en attribuant une telle  obscénité à un érudit musulman dit-il. Vous l’avez suivi non ? Je doute fort qu’un érudit musulman dise qu’il vaut mieux vivre 70 ans sous un chef injuste, expliquant ainsi que l’injustice n’est pas grave. Je ne crois pas que l’injustice ne soit pas grave en Islam. Il est donc entrain de vous dire exactement ce que le Pharaon répondait quand on lui disait de laisser partir le Peuple, let my people go!

 Ne vous laissez pas impressionner par ceux qui vous parlent d’un Tchad un et indivisible comme des perroquets. Ils ne sont pas plus patriotes que vous, ils n’ont en réalité aucun problème avec la dynastie et vous demandent de vous accommoder à la dynastie car ils n’ont jamais élevé la question de justice et égalité citoyenne au-dessus de tout. Nombreux parmi eux pensent d’ailleurs au fond d’eux que certains Tchadiens, du fait de leur origine, et de comment ils prient, sont considérés comme des citoyens de deuxième classe dans ce pays qui a classé des citoyens en Laoukoura  d’un côté et Hakouma de l’autre. Un pays qui a connu des bus de la ségrégation appelés « Kirdi ma yarkab », un pays qui a chosifiée une partie des citoyens en les appelant mara sakit et Saray sakit ou Abit. Ce sont là les germes et symboles de l’apartheid que nous devons démanteler par tous les moyens légitimes. Et c’est maintenant et nous n’avons pas le temps d’attendre pour rompre avec ces obscurités.

Nous n’avons rien à faire ensemble avec ceux qui considèrent que la justice n’est pas la chose la plus importante, puisque pour notre Peuple, la justice élève une nation et le Dieu en qui nous croyons c’est bien le Dieu de la justice, ce n’est pas le Baal de l’injustice. Ce combat est entre la justice et l’injustice et la seule unité à laquelle nous croyons c’est l’unité des justes, pas l’unité des promoteurs de la dynastie et leurs accompagnateurs chevronnés au nom du père, du fils et sans le Peuple.

Ces obscurités qui engloutissent les phares de ce pays pris en otage, nous devons y mettre fin. Nous n’avons pas le temps d’attendre, car une justice tardive est un déni de justice. Dans ce pays où il y a 50% de Tchadiens de culture arabo-musulmane et 50% de Tchadiens de culture Christiano-animiste, nous exigeons l’égalité entre nous tous.

Nous exigeons l’égalité entre chrétiens et musulmans, égalité entre croyants et non croyants, égalité entre hommes et femmes, égalité entre éleveurs et agriculteurs, égalité  entre civils et militaires. Égalité entre les Tchadiens de souche et de sang mêlé, égalité entre Tchadiens de l’intérieur et Tchadiens de la Diaspora.

Et parce que notre ADN c’est proposer une solution face à chaque problème, nous avons proposé pour cela depuis l’époque du défunt Deby, un haut-commissariat à la diversité dans les nominations aux postes civils, militaires, diplomatiques afin de promouvoir la compétence dans la diversité et d’éviter ces listes de la honte conduisant à la situation d’un pays où tous les postes stratégiques sont entre les mains d’une partie des Tchadiens. Leur réponse, rien.

Nous avons proposé dans les 20 propositions pour un nouveau Tchad depuis 2020, comme au Nigeria, un ticket présidentiel électif avec un président et un vice-président élus, mais réponse, rien.  Nous avons proposé une élection des gouverneurs pour mettre fin aux conflits agriculteurs-éleveurs et communautaires dans nos provinces et éviter cette situation lugubre où les Gouverneurs et administrateurs locaux se comportent en véritables colons à majorité analphabètes d’ailleurs, mais rien. Résultat des courses, regardez lesquels occupent les responsabilités.

Et voici un pays où personne n’est élu, qui sort d’un dialogue dit-on pour réconcilier les Tchadiens, et que les mêmes qui ont détruit veulent refonder c’est-à-dire commencer une nouvelle fondation car la maison Tchad qu’ils ont construite est mauvaise.  Regardez leurs équipes de refondation.  Si ce n’est pas famille, c’est clan. Si ce n’est pas clan c’est région. Si ce n’est pas région c’est religion. Et ensuite quelques familles satellites prises d’ailleurs au nom de remplacement numérique pour consolider cette dynastie et qui sont des faire-valoir sans pouvoir. Les ministres qui ont échoué dans les 3 dernières décennies sont élevés au grade de ministres d’État dans la refondation. C’est comme si un maçon qui a construit une maison sur une mauvaise pente, on l’élève au niveau d’architecte et chef de chantier pour refonder la maison. 

Et alors, ceux qui refusent de signer pour cette escroquerie, ils sont plus combattus même que des chefs rebelles dont la plupart, cousins neveux, gendres etc. du chef de bande, sont fabriqués au sein même de la présidence et envoyés signer des accords contre de l’argent et des postes au conseil national, à la primature, à la cour suprême, tous les organes étant entre les mains du monarque successeur de son père.

Pire, ils créent leurs représentants dans l’opposition, dans les organisations des droits humains, en espérant ainsi verrouiller tout le système. Vous comprendrez maintenant mieux l’alliance objective des uns et autres dès que vous pointez du doigt certaines tares, car en réalité, ils sont des alliés objectifs qui veulent uniquement que les choses changent à l’intérieur d’un système.

Voilà le banquet des hypocrisies que votre engagement à travers ce mouvement transformateur a permis de mettre en exergue. La manière dont vous êtes combattus, pourchassés et déportés en dit long sur ce que vous représentez contre leurs intérêts familiaux et claniques.

Les hypocrites  vous diront qu’il n y a pas de problèmes si dans un pays de diversité pareille, les gens qui occupent les postes décisionnaires stratégiques viennent d’une seule partie du pays et prient tous de la même manière. Observez les biens. Certains vous diront c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de femmes donc corrigeons cela pour qu’il y ait autant d’hommes que de femmes. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de jeunes donc corrigeons. Mais dès que vous dites mettons les civils où il ne doit pas y avoir de militaires alors c’est un tabou. Dès que vous exigez qu’on nomme aussi bien des Chrétiens que de Musulmans car ce pays a déjà connu des déchirures sur ces bases et que la véritable réconciliation passe aussi par cela, alors c’est vous qui dénoncerez ces injustices qui êtes qualifiés de divisionnistes, mais ceux qui appliquent cette politique qu’ils assument d’ailleurs publiquement, eux il ne faut rien leur dire.

Je vous donne un seul exemple pour illustrer l’hypocrisie de certains de nos compatriotes. Vous savez, pendant longtemps, tous les leaders politiques qui ont prôné publiquement la fédération, parce qu’ils viennent du Sud du Tchad ou sont Chrétiens, ils ont été peints comme des dangereux divisionnistes par le pouvoir Deby. Yorongar qui est là vivant en est un exemple. Quand Deby père a dit en 2016 qu’il allait appliquer la fédération s’il était élu, la plupart de ces responsables qui confondaient volontiers Fédération et Division et qui sont encore là vivant, parce partageant sa religion ou sa région, sont devenus silencieux. Personne n’a osé qualifier Deby de divisionniste même si sa politique l’est. D’autres ont applaudi  cette même idée à tue-tête et ont même fait campagne pour la fédération et semble qu’ils ont été même élus pour cela. Où est donc cette fédération  pour laquelle ils auraient été élus?  

Avec cette même logique hypocrite, aujourd’hui, ils tombent sur vous qui vous voulez la justice et l’égalité et qui êtes majoritaires contre la dynastie.

Les voilà qui veulent vous qualifier à votre tour de dangereux divisionnistes. Ceci, croyez-moi, passe sur ma peau comme de l’eau sur la peau d’un canard.

Il est temps d’arrêter le banquet des hypocrites nationaux et internationaux. Notre Peuple dit non à cette politique hypocrite subie depuis des décennies. Une Nation arc-en-ciel, c’est ce que nous exigeons maintenant et elle ne peut pas se construire avec une seule couleur sous l’apartheid d’une famille au vernis régional et religieux. Ne perdez même pas une minute avec celui qui veut vous en convaincre du contraire. Quand vous parlez d’égalité et de justice dans la diversité, les hypocrites vous enjoignent de ne pas en parler.

J’imagine Mandela entendre quelqu’un lui dire que ce n’est pas grave si tous les postes sont occupés par les blancs en Afrique du Sud.

J’imagine la tête de Martin Luther King dans ce pays face à quelqu’un qui lui dit que ce n’est pas un problème si tous les décideurs viennent d’une seule communauté blanche.

J’imagine la tête de John Garang au Soudan quand on lui disait que ce n’est pas un problème que les soudanais du Nord dirigent toutes les institutions. On a vu où cela a conduit. Deux pays parce que certains qui vivaient aussi les injustices s’accommodaient avec les injustices au nom de « le Soudan est un et indivisible ».  

J’imagine la tête des Nigérians des Présidents Obasanjo, Buhari et Goodluck si on leur dit que ce n’est pas un problème si les dirigeants du pays viennent uniquement d’une partie du Nigeria.

Égalité et justice. Oui égalité et justice maintenant ou alors séparons-nous entre ceux qui veulent l’égalité et ceux qui veulent se soumettre à une domination fut-elle familiale, régionale ou religieuse.

Le moment est venu de séparer le bon grain Démocratique de l’ivraie dynastique. Ce sera soit la fin de la dynastie, soit la séparation entre les promoteurs de la dynastie et nous qui croyons en l’égalité et la justice.

En l’occurrence, le bouclier est  la deuxième jambe de cette lutte pour notre dignité qui nous manquait et je ne sais pas pourquoi mais même si la France n’a pas été exemplaire avec notre pays et nous n’avons de cesse rappelé cela pour qu’elle change de logiciel, une phrase de l’hymne de la France que notre peuple n’a toujours pas entendu depuis que ce plan de dynastie s’installe me parle au moment où je vous parle du bouclier. Ce couplet dit : aux armes citoyens, marchons !

Aux armes citoyens, marchons. Voilà un beau couplet que nous pouvons emprunter à la France qui s’est bâtie  comme les États-Unis, à l’épée et qui n’a même pas hésité à couper la tête d’un dirigeant que le peuple n’avait pas choisi. Les États-Unis, eux, pour avoir le droit à l’auto-détermination, ont purement et simplement déclaré la guerre à l’Angleterre et sa dynastie en déclarant leur indépendance. Ils sont donc mieux placés pour comprendre que nous sommes les moins brutaux en exigeant une rupture à l’amiable en cas d’absence de fin de dynastie.

Oui, quand on voit l’histoire de ces pays au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, notre Peuple lui est plus raisonnable et ne veut  qu’un bouclier protecteur de sa dignité pour ne pas continuer à se faire tuer et dominer par un petit groupe de privilégiés par le sang, la région ou la religion.

De New York, cette ville siège des Nations Unies, je lance un appel à tous les pays membres des Nations Unies qui se reconnaissent amis de notre Peuple, de nous aider à bâtir notre bouclier protecteur et je vous annonce que partout où les portes s’ouvrent, comme le faisait Nelson Mandela, nous irons rechercher l’aide.

Si les portes sont ouvertes, nous entrerons pour demander de l’aide. Si les portes sont fermées, nous frapperons.  Et j’entends quelqu’un me souffler à l’oreille, vous demanderez et on vous donnera, vous frapperez et on vous ouvrira.

Cependant, nous devons compter d’abord sur nous en tant que Peuple. Que vous soyez civil ou militaire, à l’intérieur du Tchad ou dans les diasporas, je compte sur vous pour faire de cette année 2023 déclarée ensemble année du bouclier de la dignité, une réalité, grâce à votre engagement.

Il y en a qui sont étonnés que nous cherchions d’abord à compter sur notre Peuple. Il n’y a pas de honte à compter sur soi-même, car le combat pour sa dignité n’est pas un combat qu’on peut déserter ou mener par procuration.

Alors,  êtes-vous prêts à  vendre une de vos deux maisons pour le Bouclier de notre dignité collective ? Êtes-vous prêts à vendre une de vos deux voitures pour le bouclier de notre dignité collective ? Êtes-vous prêts à vendre un de vos deux sacs de mil pour notre dignité collective ?

Êtes-vous prêts à offrir une de vos deux chèvres, un de vos deux bœufs, un de vos deux jardins, un de vos deux terrains ? Êtes-vous prêts à offrir 10% de votre salaire, 10% de vos honoraires, 10% de votre bénéfice commercial ?

A cet effet, un autre peuple peut nous inspirer dans sa capacité à être discipliné, organisé, engagé. Ce peuple a une population deux fois moins que la population du Tchad et pourtant, il s’est aujourd’hui imposé au monde et plus aucun pays ne peut penser demain le soumettre. C’est du peuple juif, souvent persécuté mais qui n’a jamais perdu foi en lui.

Le moment est venu de s’engager, chacun, totalement et dans la discipline en nous souvenant que ceux qui veulent la démocratie dans la justice et l’égalité doivent être aussi organisés et disciplinés que ceux qui veulent la dynastie dans la guerre.

Oui, nous sommes en guerre contre la dynastie pour la démocratie et je vous avais toujours dit que toutes les options étaient sur la table.

À l’œuvre donc sans plus tarder. Et j’entends quelqu’un me dire :we shall overcome because freedom is coming tomorrow.

Avec ce courage de la liberté que j’ai vu au pays et que  je retrouve en vous ici, nous vaincrons, convaincus que le bouclier des boucliers, le Dieu des armées sera avec nous et protègera son peuple.

Et j’entends quelqu’un dire avec moi : l’éternel est ma force et mon bouclier. En lui mon cœur se confie et je suis secouru. L’éternel est la force de son peuple, il est le Rocher des délivrances de ses oints et personne ne peut venir à bout d’un Peuple dont l’Éternel est le bouclier des boucliers.

A ce Dieu de justice qui a sorti son épée protecteur et que nos pères et mères fondateurs ont invoqué dans l’hymne de notre pays, nous disons : Oh Dieu, sauve ton peuple et bénis ton héritage. Sois son berger et son soutien pour toujours.

Que Ce Dieu de justice prenne en garde notre Peuple en étant son bouclier protecteur.

Je vous remercie.